Douleur chronique, burn-out et post-cancer : les nouvelles perspectives des cures thermales

CARRIÈRE EMPLOI - LES ENTRETIENS DE BICHAT

Depuis ces dernières années, la cure thermale est devenue une intervention thérapeutique complexe qui associe les soins hydrothermaux, des soins de rééducation, des élé- ments d’éducation pour prendre en charge des patients de tous âges porteurs essentiellement d’affections chroniques. Pourquoi et comment prescrire ces séjours ? Dans quelles conditions et pour quels résultats ? Le Professeur Chris- tian-François Roques, président du Conseil scientifique de l’association française pour la recherche thermale (AFRETh) présentera les avancées récentes aux entretiens de Bichat.

De nouvelles indications ont-elles été découvertes ?

femme cure thermaleLa médecine thermale réduit le stress des états anxieux, des cancers, le burn-out professionnel ou familial, améliore le som- meil et favorise la récupération après fatigue musculaire. Elle contribue naturellement à de bonnes fonctions métaboliques en aidant à contrôler le poids dans les états de surpoids ou d’obésité, le syndrome métabolique, en optimisant le contrôle de la pression sanguine artérielle. Elle renforce la protection qu’exercent la peau et les muqueuses, en particulier respiratoires (rhino-sinusites et pharyngites chroniques, asthme, broncho-pneumopathies chroniques) et digestives dont elle améliore le fonctionnement. On sait depuis longtemps qu’elle favorise les mécanismes de défense de l’organisme à travers son action sur le système immunitaire, anti-oxydatif, anti-inflammatoire en particulier.

Quelles sont les nouvelles opportunités ?

Mais un séjour thermal offre des opportunités pour éduquer les patients; l’intérêt en a été démontré dans les rhumatismes, le syndrome métabolique et le surpoids, l’insuffisance veineuse chronique, le sevrage de psychotropes, les suites de cancer; la médecine thermale répond ainsi à un besoin de santé publique devenu majeur avec le développement des maladies chroniques. Au final, c’est la qualité de vie des patients dans son ensemble qui s’améliore.

Quelles sont les conditions de prescription et de prise en charge ?

Une cure thermale dure en moyenne 3 semaines et 75 % des curistes sont hébergés sur place. Ce séjour leur permet de recevoir les soins hydro-thermaux et leurs compléments. La prescription de la cure est effectuée par le médecin traitant à l’aide d’un formulaire spécial et la prescription des soins hydro-thermaux et sa surveillance relèvent de la compétence du médecin thermal. Dans certaines stations les curistes peuvent être traités pour plusieurs affections : rhumatismes, troubles métaboliques, respiratoires, circulatoires, maladies dermatolo- giques notamment.

Comment ces soins sont-ils remboursés ?

Ces soins sont remboursés sans conditions de ressource au taux de 65 % pour le forfait de soins et de 70 % pour le forfait de surveillance médicale. Une prestation sociale pour le déplacement et le séjour peut aussi être allouée avec condi- tions de ressources et environ 15 % des curistes en bénéficient. Il s’agit d’une aide au séjour de l’ordre de 100 € pour les trois semaines de cure qui peut être complétée de 90 € au titre d’une participation aux frais engagés pour le déplacement. Les assurances complémentaires remboursent le ticket modérateur et apportent le plus souvent une prestation sociale dont l’importance varie selon les mutuelles et les contrats. Au final, la cure représente un reste à charge de l’ordre de 1 000 à 1 200 € sur une dépense totale moyenne de 1 600 €.

Des indications étendues et mieux reconnues

Les indications classiques où le thermalisme est largement utilisé en raison du caractère limité des ressources médicamenteuses sont la rhumatologie et la phlébologie ; ces indications s’appuient sur un corpus d’études scientifiques déjà conséquent. Les études conduites en France : Thermarthrose, Rotatherm, Thermes&Veines donnent du corps à ces indications.

Les indications qui se développent sont en particulier les troubles métaboliques, les affections liées au stress, conditions largement favorisées par le mode de vie mais aussi les suites de cancer, l’accompagnement du vieillissement; ces développements ont été favorisés par les études cliniques de qualité, récentes, qui ont établi la pertinence du recours à la médecine thermale (Maathermes, Stop-Tag, Specth, Pacthe, T Cap, Mapt,...).

Les indications qui mériteraient d’être moins délaissées car la cure

  • permet de réduire le recours aux autres ressources thérapeutiques notamment médicamenteuses : affections des voies respiratoires, dermatologie, troubles fonctionnels digestifs, infections urinaires chroniques, douleurs pelviennes chroniques notamment ;
  • de mettre en oeuvre des démarches rééducatives utiles : neurologie, maladies cardio-artérielles, suites de trau- matismes ou de chirurgie orthopédique.

Dans ces divers domaines, les études moins nombreuses pointent du doigt la pertinence du recours à la cure. Des études actuellement en cours ou en cours de mise en place sont destinées à explorer ces domaines (Psotherm, Sepspa, Lithutherm, ...).

Certaines douleurs chroniques mieux prises en charge

Ces indications qui mériteraient d’être moins délaissées, car la cure permet de réduire le recours aux autres ressources thérapeutiques notamment médicamenteuses en ce qui concerne les affections des voies respiratoires, dermatologie, troubles fonctionnels digestifs, infections urinaires chroniques et les douleurs pelviennes chroniques notamment. La cure permet aussi d’initier des démarches rééducatives utiles en neurologie, dans les maladies cardioartérielles, les suites de traumatismes ou de chirurgie orthopédique. Dans ces domaines les études sont moins nombreuses, mais les données constituent déjà une base appréciable pour attirer l’attention sur la pertinence du recours à la cure. Des études actuellement en cours ou en cours de mise en place comme Psotherm, Sepspa, Lithutherm sont destinées à explorer ces nouvelles perspectives.

Pour en savoir plus : medecinethermale.fr